Filtrer
Rayons
- Littérature (954)
- Arts et spectacles (28)
- Policier & Thriller (25)
- Sciences humaines & sociales (16)
- Sciences & Techniques (3)
- Jeunesse (3)
- Bandes dessinées / Comics / Mangas (3)
- Tourisme & Voyages (3)
- Religion & Esotérisme (2)
- Fantasy & Science-fiction (2)
- Dictionnaires / Encyclopédies / Documentation (1)
- Vie pratique & Loisirs (1)
Éditeurs
Prix
Phebus
-
On peut avoir la quarantaine plutôt épanouie, être une excellente ménagère et une enviable mère de famille, et découvrir soudain que sa vie ressemble à un leurre. C'est ce que réalise Ella Rubinstein lorsqu'elle entame la lecture de Doux Blasphème, un manuscrit signé Aziz Z. Zahara, soumis à son jugement par un éditeur. Ce roman va définitivement changer sa vie. Il retrace la vie du poète Rûmi qui, au xiiie siècle, vit son existence prendre une nouvelle orientation et une nouvelle hauteur sous l'influence du plus célèbre derviche du monde musulman, Shams de Tabriz. Au fil des e-mails à Zahara et des pages de Doux Blasphème, Ella subit une métamorphose quasi spirituelle, semblable à celle que connut Rûmi dans sa relation avec Shams.
Dans l'un et l'autre cas, à sept siècles de distance, il est possible de parler d'amour, de l'amour transcendé par la quête mystique à laquelle il appelle.
C'est en romancière de premier plan qu'Elif Shafak explore ici, avec une incomparable intensité, les sentiments les plus élevés. Tout le Moyen-Orient du xiiie siècle est sous sa plume ressuscité et trouve écho en notre époque.
Incandescent de bout en bout, Soufi, mon amour sait nous happer, nous séduire, nous transporter. Il est sans aucun doute le plus grand roman d'Elif Shafak à ce jour. AUTEUR : Fille de diplomate, la Turque Elif Shafak est née à Strasbourg en 1971. Elle a passé son adolescence en Espagne, puis étudié en Turquie. Après un master en « Gender and Women's Studies » et un doctorat en sciences politiques, elle a un temps enseigné aux États-Unis. Elle vit aujourd'hui à Istanbul. Internationalement reconnue, elle est l'auteur de onze livres, dont La Bâtarde d'Istanbul (Phébus, 2007), Bonbon Palace (Phébus, 2008) et Lait noir (Phébus, 2009).
-
Pour les aficionados de Melville et de Guerne, la traduction que ce dernier a donnée de Moby Dick (en 1954 aux éditions du Sagittaire) est un monument indépassable : le traducteur-poète est allé jusqu'à s'initier au parler « salé » des matelots américains du XIXe siècle, tel qu'il se trouve consigné dans les anciens lexiques marins ; et surtout jusqu'à s'inventer un français hautement
« melvillien », puisque le grand romancier aimait à dire qu'il n'écrivait pas en anglais mais en outlandish la langue du grand Ailleurs.
Cette traduction, malgré un bref passage en collection de poche (1980), est restée la plupart du temps introuvable au cours du dernier demi-siècle. On envie déjà le plaisir et la surprise de ceux qui auront à découvrir sa riche et rude saveur : que reconnaîtront tous ceux qui ont fréquenté d'un peu près le vieil océan.
Quant au livre lui-même resté à peu près inconnu du public au temps de Melville, il n'aura vraiment été découvert qu'au XXe siècle, où sa violente modernité paraissait enfin accordée à la période de tempêtes qu'inaugurait alors l'histoire jusqu'à passer aujourd'hui aux yeux de certains, aux yeux de beaucoup, comme le plus grand roman de la littérature américaine.
Moby Dick, qui peut se lire comme le plus formidable des récits d'aventures, est en effet autre chose et bien plus que cela. Car par-delà les tribulations du capitaine Achab lancé a la poursuite de la Baleine blanche se profile une autre quête : celle d'une humanité embarquée de force à bord d'une histoire qui reste pour elle un mystère.
-
En 1919, des Japonaises quittent leur pays afin de rejoindre aux Etats-Unis des compatriotes auxquels elles ont été promises. Bercées d'illusions, elles vont endurer de cuisantes déceptions face à des maris brutaux, la xénophobie, un travail harassant, la barrière de la langue. Lors de la Seconde Guerre mondiale, suspectées par le pouvoir, elles sont enfermées dans des camps de concentration.
-
La différence est si mince entre poésie et vérité.
Homme d'influence, M. Stotz, au crépuscule de ses jours, vit retranché dans sa demeure bourgeoise.
Son jeune secrétaire personnel, récemment arrivé à son service, Tom Elmer, l'écoute raconter l'étrange histoire d'amour qui a marqué sa vie à tout jamais. Celle de sa relation, quarante ans plus tôt, avec la mystérieuse Melody.
Peu à peu assailli de doutes, Tom se lance alors dans une enquête à la recherche de la vérité sur le destin de cette femme envoûtante.
Melody est un roman vertigineux qui questionne chacun sur son propre rapport à la réalité et à la fiction. La vérité n'est jamais telle qu'on la raconte. -
« Je vais t'écrire tous les jours, Suzanne. J'ai décidé ça ce matin. Le temps passe et je n'y peux toujours rien. Je vais t'écrire pour ne pas oublier : les Dr. Martens de ma mère, Thionville où je suis née, le Sud où j'ai grandi, Bob mon amour, mon premier Olympia, Françoise Hardy et les friands de Sylvie Vartan, mon âge... Je suis devenue celle que je voulais être, la première femme de ma famille à choisir. Je vais t'écrire mes rêves et mes désillusions. Je vais t'écrire parce que tu es encore là. Ta présence, tous les jours, Suzanne, m'a fait du bien comme les mots font du bien. Alors je prends le temps, je vais m'y tenir, c'est une promesse que je nous fais. Ce n'est pas un matin comme les autres, c'est un choix, encore un. Je t'écris, ça me sauve, c'est déjà ça. »
La Grande Sophie s'adresse à « Suzanne », chanson n° 10 de son album La Place du fantôme. À travers une centaine de lettres, elle lui raconte sa détermination de fille de militants qui se rêvait en Catherine Deneuve version Peau d'âne, avec une robe couleur du temps. Plus qu'un autoportrait d'artiste, ce livre est un accès privilégié aux coulisses d'une vie de femme en quête d'une place dans le monde. -
Hiver 1920, Colombie-Britannique. Tout commence par des traces impossibles dans la neige et la vision d'un étrange bipède, qui ébranlent Aidan Fitzpatrick et le poussent à abandonner le séminaire. Devenu vétérinaire, le jeune homme achète un lopin de terre sur les lieux de son épiphanie, y construit une cabane et y fonde une famille. Il n'aura plus de cesse de percer le mystère qui a bouleversé sa vie.
Plus de quatre-vingts ans plus tard, Sandy, sa petite-fille désormais femme, se lance à son tour sur la piste de l'insaisissable créature. Au fil d'une course-poursuite à l'issue incertaine elle invoque les fantômes du passé : une enfance presque idyllique sous des cieux sauvages aux côtés de son érudit de grand-père, une nature généreuse et omniprésente, deux âmes soeurs qui se trouvent, un amour qui se scelle.
Marqué de la griffe de l'invisible, un premier roman initiatique qui célèbre le monde naturel et explore les limites de la connaissance. Une histoire intemporelle d'amour et de foi, qui nous rappelle qu'il s'agit moins de trouver que de chercher ou de s'émerveiller... -
Le jour se lève. Un épais rideau de brouillard encercle l'îlot. J'ignore quel jour on est. Cela n'a plus d'importance. Le temps, tel que le vivent la plupart des gens - ce lent enchaînement de secondes, de minutes, d'heures, de jours - , n'a aucune prise dans un lieu comme celui-ci. J'ai délaissé le rapport qui m'avait été commandé. À partir de maintenant, je m'attelle à la rédaction d'un second rapport, plus exhaustif (et insaisissable). Un rapport sur l'état de mon âme... »
Campé entre l'Édimbourg des années 1920 et les paysages désolés et hostiles de la Patagonie, mêlant traditions littéraires anglo-saxonnes et argentines, l'aventure, l'horreur et le gothique, L'oeil de Goliath explore avec panache la relation entre les hommes et leur double, les frontières floues entre ce que l'on considère comme des contraires absolus : le bien et le mal, la raison et la folie. Embarquez pour un voyage obsédant dans les recoins les plus sombres de l'âme humaine...
« Impossible de le lâcher. Il y a là toute la tension fascinante de la grande littérature. » Mariana Enríquez, auteure de Notre part de nuit -
Le baiser de la demoiselle : Histoire d'une femme décapitée
Kate Foster
- Phébus
- Littérature Étrangère
- 13 Mars 2025
- 9782752914569
« La machine à trancher les têtes. Conçue pour décapiter les membres de la noblesse, son mécanisme rapide est réputé moins douloureux que la hache ; mais, bien sûr, aucune de ses victimes n'a survécu pour en témoigner. »
Édimbourg, 1679. Lady Christian Nimmo est accusée d'avoir assassiné son amant, lord James Forrester. La nouvelle de son emprisonnement et de son procès s'étale dans les journaux, avec des titres qui ne laissent guère place au doute : Femme adultère. Putain. Meurtrière.
À peine un an plus tôt, Christian était encore une jeune mariée respectable et menait une vie de privilèges. Pourquoi tout risquer pour une liaison avec celui qui est aussi son oncle par alliance ? Cette passion interdite la rend-elle pour autant coupable de l'homicide dont l'accuse Violet, la prostituée engagée par James pour satisfaire ses appétits ? Elle aussi, pourtant, aurait eu des raisons de souhaiter sa mort...
Dans cette fiction haletante, librement inspirée d'une affaire criminelle sulfureuse et sanglante, Kate Foster redonne une voix à des femmes autrement réduites au silence par l'histoire. -
Voici l'histoire de deux familles dans les dernières années du XXe siècle. L'une, les Kazanci, est turque et vit à Istanbul; la seconde, arménienne, les Tchakhmakhchian, s'est installée à San Francisco après le génocide. Chez les Kazanci, les femmes sont de grandes amoureuses, des hypocondriaques ou des fortes en gueule, et les hommes n'atteignent pas les quarante ans. Chez les Tchakhmakhchian, on est prude, religieux, sans imagination, frileux en tout, excepté Rose qui abandonne son époux pour se remarier avec un. Turc. Lorsque la fille de Rose, Armanouch, se rend à Istanbul pour y rencontrer la famille de son beau-père, elle se lie d'amitié avec la plus jeune des Kazanci, Asya, celle que l'on appelle la "bâtarde". Au cours du séjour d'Armanouch beaucoup de secrets seront mis à nu, et pas des moindres: inceste, rapt d'enfant, identité volée. Un meurtre conclura les révélations. Et la vie continuera.
Elif Shafak est en train de devenir, avec Orhan Pamuk, l'écrivain turc le plus célèbre du monde. Née à Strasbourg en 1971, elle passe son adolescence en Espagne (sa mère est diplomate), avant de partager son temps entre Istanbul et l'Arizona. Tout en bâtissant une oeuvre de premier ordre (six romans à ce jour, dont The Flea Palace que Phébus publiera en 2008), elle mène une carrière de journaliste respectée (notamment comme correspondante régulière du New York Times). Elif Shafak est de tous les combats, ce qui lui vaut des menaces de mort. La Bâtarde d'Istanbul, le premier de ses livres à paraître en français, est déjà un succès aux États-Unis et lui a valu un procès retentissant en Turquie: parce qu'elle ose y aborder le génocide arménien, elle a été accusée d'"atteinte à la dignité de l'État turc".
Avec ses intrigues à foison et ses personnages pour le moins extravagants, La Bâtarde d'Istanbul pose une question essentielle: que sait-on vraiment de ses originesoe Elif Shafak, écrivain engagé et n'utilisant pas la langue de bois, demande à son peuple d'affronter enfin son histoire, en particulier le génocide arménien et le massacre des Kurdes. Elle a le sens du récit, un humour féroce et un talent incontestable pour enchevêtrer la comédie au drame, le présent au passé. La Bâtarde d'Istanbul est donc une réussite romanesque, et un plaidoyer contre l'injustice, la bêtise et la haine.
-
Vies et survies d'Elisabeth Halpern
Carine Hazan
- Phébus
- Littérature Française
- 16 Janvier 2025
- 9782752914194
« J'ai pénétré la noirceur par une porte dérobée et je ne désespère pas de débusquer, parmi des millions d'autres, le fil sur lequel en tirant je dénouerai le noeud tragique. »
Lorsqu'elle part rendre visite à sa grand-mère exilée à Melbourne, la narratrice est loin d'imaginer que sa vie en sera à jamais bouleversée. Pourtant, le seul nom d'Elisabeth Halpern, née Lea Lieberman, est une invitation à vivre fort. Née juive en Ukraine dans les années 1920, cette femme a grandi sans mère, échappé à la déportation, changé d'identité, rejoint par bateau un pays lointain, s'est mariée trois fois. À soixante-dix ans passés, elle a un plan : embarquer sa scénariste de petite-fille dans les Alpes australiennes et lui ordonner d'écrire le crime parfait. La cible : son idylle du moment, un vieux dont elle est sûre qu'il a contribué à la Solution finale.
Du ghetto de Lvov à une chambre d'hôtel de Mount Buffalo, Carine Hazan mêle avec une intelligence étincelante le thriller à la comédie, la fable à l'Histoire, la philosophie au suspense, l'héritage traumatique des femmes d'une même lignée à celui de la guerre. Partant d'une vengeance, elle questionne la justice. Celle qui répare. Et cultive la mémoire. -
Les parcours d'Anna et de Cerise n'ont rien de commun.
Promise à une brillante carrière, Anna étudie la photographie à l'université de Washington ; lycéenne, Cerise habite en Californie sous l'emprise totale de sa mère.
Lorsque chacune des jeunes femmes tombe enceinte par accident, Anna avorte, et Cerise garde l'enfant. Dix ans plus tard, ces décisions auront déterminé le cours de leur vie.
D'espoirs en déceptions, de joies en drames, Anna et Cerise, bientôt réunies par le hasard, apprennent à être mères, et à être femmes.
Roman d'une portée universelle et d'une rare force émotionnelle qui raconte le monde au féminin.
-
Frontières liquides : Journal de lacs
Daniel de Roulet
- Phébus
- Littérature Française
- 20 Février 2025
- 9782752914590
« Cette traversée des lacs internationaux, écrite à des moments différents de ma vie, ne constitue en rien une théorie ou un essai d'anthropologie lacustre. Il s'agit bien d'un voyage, d'une visite rendue dans le temps et l'espace pour laisser venir ces quelques moments d'éblouissement qui sont comme des épiphanies. »
Un beau jour, Daniel de Roulet, écrivain-marcheur familier du Léman qu'il observe depuis l'enfance, a décidé qu'il voyagerait dans un seul but : faire le tour des lacs frontaliers pour rencontrer leurs riverains et tenter de comprendre comment composer autour de ce bien commun à deux, trois... parfois cinq pays, et autant de langues et de cultures différentes.
De ces traversées le plus souvent solitaires, des frontières effacées du Wannsee où fut décidé le sort de millions de Juifs, au lac Victoria où plus de la moitié des stocks de poissons a disparu en l'espace de dix ans, en passant par le lac de Courlande où Sartre et Beauvoir scellèrent le sort posthume de Thomas Mann, l'écrivain retient et consigne, sans exhaustivité mais avec sensibilité, poésie et humour, les mondes engloutis ou tangibles des frontières liquides. -
La saison des papillons noirs
Priscilla MORRIS
- Phébus
- Littérature Étrangère
- 13 Mars 2025
- 9782752914118
Zora est peintre et enseignante à l'Académie des beaux-arts de Sarajevo. Au printemps 1992, face à la montée des tensions dans la toute jeune Bosnie-Herzégovine, elle demande à son mari, Franjo, d'emmener sa mère en Angleterre, où vit leur fille. Mais ce qui ne devait être qu'une séparation temporaire prend une tournure dramatique quand les premiers tirs de mortier serbes s'abattent sur la ville depuis les collines. En quelques jours seulement, le piège se referme sur les habitants de Sarajevo, quelles que soient leurs origines.
Dans l'immeuble éventré où Zora vit désormais seule, sans moyen de joindre les siens, se forme alors une communauté d'âmes qui affrontent ensemble un monde qui se désagrège...
Face à la banalisation de la violence, Priscilla Morris fait un nécessaire travail de mémoire et nous offre un roman immersif, raconté à hauteur de femme, sur le plus long siège d'une capitale de l'histoire moderne. Et nous rappelle que la vie continue, que des histoires d'amour naissent et que l'humanité demeure en des temps inhumains. -
Rappelez-vous votre vie effrontée
Jean Hegland
- Phébus
- Litterature Etrangere
- 24 Août 2023
- 9782752912473
C'est l'art et la littérature qui nous laissent imaginer l'humanité chez autrui et nous aident à la trouver en nous-mêmes.
John Hubbard Wilson, professeur de littérature, l'a toujours dit à ses étudiants dans son cours sur Shakespeare : « Nous allons tous mourir. C'est ce qui se passe pendant que nous vivons qui doit compter - ce que nous apprenons, ce que nous savons, ce que nous finissons par comprendre avant de disparaître. » Au crépuscule de sa vie, John, atteint de la maladie d'Alzheimer qui grignote peu à peu sa mémoire, renoue avec sa fille, Miranda. Leur relation gâchée rencontre alors une ultime chance d'être réparée.
Un magnifique roman sur ce qui nous lie à ceux qu'on aime, sur le sens qu'on donne à sa vie. Et un hommage à la littérature qui accompagne l'existence, tel un soutien indéfectible. -
TU ES SEULE, TU ES FAIBLE, TU ES LA PROIE PARFAITE.
Dans une villa bretonne battue par les vents, une famille fête son patriarche, Maxence Kerivel, héritier sans triomphe d'une lignée d'armateurs. Les enfants, cousins, pièces rapportées ont tous répondu présents. Tous, sauf Lara, benjamine du clan, adolescente disparue au coeur d'une nuit d'été quinze ans plus tôt. À table, on peine à donner le change. Car celle dont on s'évertue à taire le nom obsède par son absence.
Quand, le lendemain matin, Maxence découvre le corps de l'une des convives échoué au pied des falaises, tout laisse à penser qu'elle s'est suicidée. Une tragédie de plus pour lui et les siens.
Quelle réalité cachent les drames qui s'abattent sur les Kerivel ? Quels secrets doivent être préservés ? La capitaine Rebecca Lombard, elle-même rongée par les silences, va prendre en charge cette enquête qui fera remonter le souvenir d'un certain été 2003... jusqu'au final, étourdissant.
À la croisée de la saga familiale et du roman noir, Brûlent les falaises, c'est la rencontre entre la vieille légende d'une femme brûlée vive et celle d'un clan maudit. Mais les malédictions, ça n'existe pas. -
Kenneth Grahame (1859-1932) est aujourd'hui encore l'un des auteurs anglo-saxons les plus lus de par le monde, alors qu'au total il n'a pas publié grand-chose. Mais tout de même, parmi ce pasgrand-chose, un pur chef-d'oeuvre de malice faussement enfantine, Le Vent dans les saules
(1908), traduit dans quasi toutes les langues de la planète et bizarrement ignoré chez nous... lors même que Borges hier et Alberto Manguel aujourd'hui n'ont pas hésité à le ranger au tout premier rang de leur bibliothèque imaginaire. Soit les aventures - disons plutôt mésaventures - de quatre Mousquetaires pantouflards lancés bien imprudemment sur les routes du vaste monde, et qui trouvent le moyen, entre trouille verte et candide inconscience, de rendre des points à feu Don Quichotte soi-même. Le tout, pourtant,
sans quitter de bien loin les bords humides et rassurants de leur chère rivière. Car nos quatre bretteurs malgré eux ont nom M. Mole (la Taupe), M. Water Rat (le Campagnol des berges), M. Badger (le Blaireau) et M. Toad (le Crapaud).
Nostalgie, nostalgie... Oui, c'est bien de cela qu'il est question au bout du chemin, même si l'on a beaucoup ri. C'est que Kenneth Grahame, grand enfant égaré dans le monde adulte, dégoûté par l'utilitarisme et par l'activisme ambiants (il n'était pas précisément ce qu'on appelle un homme de progrès), écologiste avant la lettre, ne se contente pas de nous rappeler que nos jeunes années sont ce vert paradis chanté par le poète. Il nous enjoint de ne jamais le perdre du regard, ce paradis, faute de quoi la porte risque de s'en refermer malignement dans notre dos sans que nous y prenions garde, nous privant de ce qu'un autre poète a appelé « la vraie vie », et ne nous laissant que nos larmes pour pleurer. On a tenu, pour restituer ce chef-d'oeuvre méconnu à tous ses lecteurs - petits et grands confondus - à le donner ici dans une traduction nouvelle due à Gérard Joulié, poète à ses heures et « grahamien » de toujours. Et pour faire bonne mesure, on a résolu de faire reparaître en même temps l'autre grand livre du même Grahame, Jours de rêve (histoire un brin romancée de l'enfance champêtre de l'auteur) dans la belle traduction de Léo Lack.
-
-
Quand l'empereur était un dieu
Julie Otsuka
- Phébus
- D'aujourd'hui Etranger
- 31 Janvier 2004
- 9782859409630
Le sujet de ce roman, déjà, ne laisse pas de surprendre - mal informés que nous sommes : les camps de concentration aménagés (fort discrètement) en territoire américain pendant la Seconde Guerre mondiale.
à l'usage des citoyens d'origine japonaise. Si Julie Otsuka a choisi la fiction, elle avoue volontiers que l'histoire qu'elle raconte évoque de très près celle de ses grands-parents, paisibles Californiens qui n'avaient aucune raison de cacher leur ascendance japonaise, arrêtés et déportés par le F. B. I. en décembre 1941, au lendemain de l'attaque de Pearl Harbor, et qui furent maintenus derrière les barbelés, dans des conditions inimaginables, jusqu'à l'été de 1945.
Rien que pour ce qu'il raconte, et que l'on sait si peu, le livre de Julie Otsuka vaudrait d'être lu. Mais le miracle est ailleurs. Le miracle, c'est qu'il nous rend témoins de cette histoire en usant de mots qu'on n'attend pas, dans un style si nu, glacé presque, si violemment débarrassé de toute émotion, de toute protestation, que le peu qu'il livre est insoutenable. Insoutenable de sérénité, on voudrait dire de poésie si le mot n'avait l'air ici à ce point incongru.
Julie Otsuka n'en est qu'à ses débuts, certes. Mais c'est un écrivain-né qui parle ici - ce que la critique anglo-saxonne unanime n'a pas manqué de noter.
-
-
-
« Soudain, le voilà habillé chaudement, le col de son blouson relevé, ses gants en cuir déjà enfilés. Alors, tu m'abandonnes ? Il me répond tendrement par un baiser mimé que je ne m'inquiète pas. Il revient dans deux heures. »
Un 31 décembre, on frappe à sa porte. Une employée de mairie et un officier de police lui annoncent l'accident de son mari, parti plus tôt dans l'après-midi rouler sous le soleil d'hiver. Marc-Aurèle a rejoint le cercle des hommes qui vivent et meurent trop vite. Elle a rejoint celui des veuves. Passée la sidération s'amorce un combat intérieur entre le chagrin et la joie d'accueillir leur premier enfant, mais pas seulement : un combat entre le souvenir et l'oubli, entre la dévotion pour un amour sans fin et la quête obsessionnelle de vérité. Au fil d'un récit qui alterne temps présent et reconstitution minutieuse du passé, le vernis craque. Dans les replis d'un drame fortuit, on trouve l'histoire d'un beau garçon au regard flou, de celle qui l'a aimé, de deux familles qui dissonent, d'une distance, d'un amour contrarié.
-
« Je ne sais pas quand ça a pris fin pour de bon. Je ne me rappelle plus comment je leur ai dit au revoir. Il y a des souvenirs qu'on égare volontairement. J'aurais voulu rester. »
Fin des années 1990. Elsa explore un nouveau lien au monde grâce au modem de la maison. Elle écrit, répond aux messages d'inconnus. Jusqu'au jour où elle prend un train direction la mer sur une simple invitation. Ce qu'Elsa découvre en arrivant sur place, c'est une traversée inattendue, et l'inattendu, c'est tout ce qu'elle espérait. Dans les pas d'un garçon aussi doux qu'impénétrable, elle va rejoindre l'équipage d'un bateau. Yann, Napo et les autres vivent en marge d'une société dans laquelle ils ne se reconnaissent pas. La révolte qui gronde en eux, leur liberté vont faire vaciller les fondations d'Elsa. Cette saison, cet été-là seront toute sa vie.
Premier roman sur l'émancipation, l'amour et la place que chacun cherche dans le monde, L'Été à l'oeuvre avance à mots comptés, dans une langue d'une précision, d'une honnêteté qui font chavirer le coeur.
-
"La retraite est une aventure. Qu'elle soit ardemment souhaitée ou rejetée, elle est inéluctable. Il y a de nombreuses recettes pour la rater. Hélas pour ceux qui ne réagissent pas, il n'y aura pas d'autre chance; c'est la dernière. Comment ne pas transformer une période cruciale - a troisième et dernière partie de la vie après l'adolescence et la maturité - en marais intellectuel et physique, avant la déchéance promiseoe Voici 10 ans, alors que j'entamais cette dernière page de mon existence, j'étais déprimé, anémié, sans espoir et sans projet, en un mot désespéré. La chance et sans doute une volonté de vivre qui ne demandait qu'à s'exprimer m'ont permis de transformer cette "retraite" en une aventure fertile. De me re-fabriquer une existence riche et créatrice. A travers ma propre expérience, je souhaite montrer à tous ces lecteurs qui m'ont suivi sur la route de la soie puis dans l'aventure de Seuil que, pour eux aussi, "la vie commence à 60 ans".
-
En 2003, le sergent Turner dirige un convoi militaire dans le désert irakien. Dix ans plus tard, dans son lit, il a une vision : tel un drone, il survole la Bosnie et le Vietnam, l'Irak et la Corée. Ses expériences se confondent avec celles de son père et de son grand-père, eux-mêmes soldats, avec ses jeux d'enfant et la vie de ses amis tombés au combat. Comme si tous les conflits se déroulaient là, sous ses yeux, dans un vaste territoire de guerre et de violence.
En 2003, le sergent Turner devient poète. Lorsque, dix ans plus tard, la vision s'impose dans ses nuits d'insomnie, c'est grâce à l'écriture qu'il en accepte la mémoire. Véritable exorcisme, empreint d'un profond besoin de vérité, Ma vie est un pays étranger raconte les exercices, les missions, les tirs, la peur et le courage, la tragédie et la joie des retours. Et, en reconnectant la vie, la poésie, l'horreur et la mort, en mêlant l'intime aux mythologies partagées, il réussit poser sur la guerre les mots qui manquent, ceux capables de renouer le fil du sens à celui du silence.
« Les étonnantes "mémoires de guerre" de Brian Turner sont un triomphe. L'homme doit faire face à ses actions. Et Turner fait face, avec brio. » - The New York Times