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Carnets Nord
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Petiteannonce.fr : Émile, 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l'hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, avec le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme, qui a pour seul bagage un sac à dos, un grand chapeau noir, et aucune explication sur sa présence. Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naît, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l'amitié, l'amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d'Émile. Une écriture vive et alerte, des dialogues impeccables, des personnages justes et attachants qui nous emportent jusqu'à un dénouement inattendu, chargé d'émotions.
On ne sort pas intact de ce récit, mené de main de maître par Mélissa Da Costa, une jeune auteure de 28 ans, qui a toujours écrit et publie là son premier roman.
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A la fois écrivain, critique, universitaire, voyageur et poète, Michel Butor est un auteur majeur du XXe siècle. Dans ces entretiens, menés avec Lucien Giraudo, il se fait professeur et propose un panorama de l'histoire littéraire française, du Moyen Age à la fin du XXe siècle. Connaissez-vous vraiment Chrétien de Troyes, La Fontaine, Racine, Perrault, Rousseau, Chateaubriand, Proust, Artaud ou Céline ? Dans ces leçons vivantes, rassemblées sur 6 CD, Michel Butor situe, avec clarté et passion, tous ces auteurs et les mouvements qu'ils ont incarnés. Deux documentaires, rassemblés sur un DVD, viennent compléter ces entretiens : le premier permet de situer la réflexion de Michel Butor sur le statut du livre dans notre civilisation. Le second dévoile au grand public un choix significatif de livres-objets rares, réalisés par l'écrivain avec des plasticiens. Ces livres-objets se présentent comme des " prototypes " du livre futur. Enfin, pour la première fois dans l'oeuvre de Michel Butor, le présent coffret propose également une anthologie de la littérature française.
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« Marguerite ne sourit pas, Marguerite ne pleure pas non plus. Elle fixe juste l'objectif du photographe. Un regard qui vous transperce comme un surin d'Apache. Deux yeux noirs et ronds comme des boutons de bottines avec des pupilles qui brillent qu'on les dirait lustrées avec des crachats de haine. Pensez donc, elle a couché avec les Allemands, Marguerite. C'est écrit en gros sur son front et ses joues : trois croix gammées peintes avec le trait épais et gras du goudron encore tout frais. L'une des branches de la croix gammée peinte sur son front déborde sur le sommet de son crâne mis à nu et désormais ourlé d'un minuscule duvet. C'est qu'on l'a tondue Marguerite. Comme une brebis lourde, un bat' d'af, un balafré, un bagnard, un pouilleux. » Marguerite n'est mariée que depuis un mois avec son amour de jeunesse, Pierre, quand ce dernier est mobilisé en septembre 1939. Commence alors pour la jeune femme une vie d'attente et de solitude tournée vers les souvenirs des moments heureux partagés avec Pierre et remplie des petits gestes du quotidien dans une France en guerre et bientôt occupée.
Mais, peu à peu, Marguerite découvre aussi l'indépendance qu'elle n'a jamais eue, au contact de sa nouvelle amie Raymonde, femme libre et hostile aux conventions sociales, de ses collègues femmes à l'usine, d'André le jeune Gitan et de Franz, un soldat allemand pas comme les autres...
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La marche à pied connaît de plus en plus d'adeptes qui en recueillent les bienfaits : apaisement, communion avec la nature, plénitude. Nous sommes très nombreux à bénéficier de ces dons. Marcher ne nécessite ni apprentissage, ni technique, ni matériel, ni argent. Il y faut juste un corps, de l'espace et du temps.
Mais la marche est aussi un acte philosophique et une expérience spirituelle. Allant du vagabondage au pèlerinage, de l'errance au parcours initiatique, de la nature à la civilisation, l'auteur puise dans la littérature, l'histoire et la philosophie : Rimbaud et la tentation de la fuite, Gandhi et la politique de résistance, sans oublier Kant et ses marches quotidiennes à Königsberg.
Et si on ne pensait bien qu'avec les pieds ? Que veut dire Nietzsche lorsqu'il écrit que « les orteils se dressent pour écouter » ? C'est ce que l'on cherche ici à comprendre. À la fois traité philosophique et définition d'un art de marcher, ce livre en réjouira beaucoup, qui ne se savaient pas penseurs en semelles.
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Une vie pour se mettre au monde
Marie de Hennezel, Bertrand Vergely
- Carnets Nord
- 25 Mars 2010
- 9782355360411
Vivre c'est se mettre au monde plusieurs fois : la première naissance est évidente, physique ; les autres passent parfois inaperçues. Une vie, avec ce qu'elle nous donne et nous inflige, suppose de chercher profondément en soi les ressources pour s'adapter, faire naître en nous, à chaque étape, un être renouvelé, amélioré, plus mûr, plus dense. Une vie pour se mettre au monde c'est une vie pour apprendre à faire corps avec ce qui advient, les joies et les drames ; une vie pour faire de son existence un tout, décousu parfois mais unique ; une vie surtout pour apprendre à rester dans l'émerveillement. On sort de cette lecture extrêmement positif et joyeux, quel que soit son âge.
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Tous les jeudis dans Libération, Jacky Durand fait un tour en cuisine. Le zinc, la table, les fourneaux, sont l'occasion de rencontres : avec un coin de France, un petit marché, un fruit, une saison, un fromage et la personne qui le fabrique. Ses chroniques nous ont tapés dans l'oeil : magnifiquement écrites et émouvantes, parce que les histoires de cuisine sont souvent des histoires de vies. Au fil de la lecture, il est apparu que, pour ce journaliste curieux, faire la cuisine en amateur ? alors qu'il pilote le service Société de Libération ? était une question de philosophie : le chemin le plus court pour voir, écouter, sentir, toucher et goûter les autres. Dans le tumulte de nos journées et de notre monde chamboulé où l'on peut manger des fraises en hiver, cuisiner devient un chemin vers la sagesse, la mesure, le rythme des saisons, le partage. Ce livre est né de ces pépites, soigneusement choisies, ré-assaisonnées, augmentées, avec un nouveau rythme et surtout une cohérence qui apparaît. C'est le cheminement d'un gourmet qui aime les marchés, inventer des recettes, parcourir les lieux et les saisons au gré de ses envies, mais qui suit aussi la trace de nos souvenirs et des rites puisque la cuisine est affaire de mémoire et de transmission. Un cheminement guidé par une certitude : la vie est plus vaste quand on fait la cuisine avec coeur. Après Marcher, une philosophie, Carnets Nord donne à nouveau la parole à un amateur éclairé qui sert d'initiateur au lecteur. L'idée de cette collection " Un verbe " est de partir d'une activité concrète et de la sublimer ; d'aller du prosaïque au poétique, du connu au caché ; de mêler la matière et l'esprit, la chair et l'âme. Jacky Durand est journaliste à Libération.
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« Les modifications anatomiques ne sont pas le propre de l'homme. Les ani- maux se transforment également. La culture fulgurante de l'homme n'est qu'un accélérateur de ce processus. [...] Notre redressement de la quadrupédie à la bipédie ne serait pas totalement abouti, d'où les claquages des sprinteurs ou des footballeurs dont l'explosion au départ fragilise les muscles ischio-jambiers. [...] Les capacités physiques de l'homme de Néandertal, petit, râblé, puissant, étaient largement supérieures à celles de nos champions d'aujourd'hui dans certaines disciplines. » Yves Coppens nous raconte l'histoire de l'homme du point de vue de l'évolu- tion des corps : le passage de la quadrupédie à la bipédie, les motivations qui ont poussé l'homme à « faire du sport », les qualités physiques, en termes d'en- durance et de résistance, de l'homme de Néandertal...
Il réfléchit à la coévolution de la nature et de la culture et au moment où l'homme s'est mis à jouer en instituant des règles.
Il interroge les rivalités qui semblent avoir toujours existé entre les hommes et qu'on retrouve aujourd'hui dans les jeux sportifs, souvent comparés à une forme de guerre.
Enfin, il s'intéresse à l'évolution actuelle et future de l'homme en questionnant sa sédentarité croissante, son culte du corps et les moyens apportés par les nouvelles technologies.
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Un corps flotte dans une piscine au vingt-huitième étage d'un immeuble viennois : déchiqueté et unijambiste. Une minuscule prothèse auditive gît au fond du bassin. Aucune piste sérieuse en vue. L'homme aurait été tué par un requin, ce qui ressemble plutôt à une mauvaise plaisanterie. Richard Lukastik, de la police de Vienne, prend les choses en mains. A 47 ans, l'inspecteur passe pour antipathique mais irréprochable, retors et fou. Il se déplace en Ford Mustang or mat, n'écrase jamais ses cigarettes, dîne chaque soir d'une soupe chez ses parents, n'utilise pas de gants au sens propre comme au figuré, admire le philosophe Ludwig Wittgenstein dont il a toujours un livre en poche qu'il ouvre à l'occasion à n'importe quelle page pour trouver un sens à sa journée. L'enquête est à l'image de celui qui la mène : mordante et dubitative.
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L'adieu à l'ancien monde ; 12 manifestes pour un nouveau monde
Ariel Zweig
- Carnets Nord
- 3 Mai 2019
- 9782355363337
Chacun de ces douze manifestes est un appel. Un appel à comprendre, à réagir, à se révolter, à découvrir : la destruction du monde par l'argent, les merveilles du corps, la force des relations humaines, la cruauté de la société contemporaine, la munificence du cosmos, les solutions pour s'en sortir.
Ariel Zweig, dans un pamphlet d'une grande violence, prend parti. C'est d'abord l'argent et l'avidité des hommes qui détruisent notre monde.
Il faut des solutions radicales, un changement complet de nos paradigmes, de nos façons de voir et d'être. Une révolution fondamentale, refuser un monde inhumain, libérer en protégeant, rapprocher les hommes par le local, forger une société de communautés, portes d'un nouveau monde.
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« À travers notre relation aux animaux, ce sont nos valeurs et notre rapport au monde en général qui ressurgissent. Dans une société qui nous malmène souvent, qui nous déconnecte de la réalité, les animaux sont une valeur refuge. Et chez tous ceux qui les aiment profondément, au point d'y consacrer toute ou une partie de leur vie, j'ai vu les plus belles qualités humaines : l'empathie, la bienveillance, l'humilité et le respect du vivant. » Le lien entre l'homme et l'animal, cette relation unique, parfois surprenante, c'est le sujet qu'Hélène Gateau a voulu explorer dans ce livre. Elle y raconte les plus belles rencontres faites à l'occasion de sa série documentaire Hélène et les Animaux.
Elle emmène le lecteur en voyage sur les routes de France pour lui faire découvrir le monde merveilleux des abeilles auprès de jeunes apicultrices installées en Ariège, un élevage de chiens destinés à assister des personnes handicapés en Normandie, des bergers des Pyrénées qu'elle a accompagnés lors de la transhumance des moutons... Et bien d'autres surprises encore !
Un livre passionnant, souvent émouvant, qui nous dit beaucoup sur les liens entre l'homme et l'animal et tout ce qu'ils peuvent apporter de bon à notre société.
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« Le corps est intelligent, ne serait-ce que par sa capacité de mime et d'adap- tation. [...] Savoir quelque chose par corps, comme le savoir par coeur, c'est quand le corps exécute un geste sans y penser, sans qu'intervienne la cons- cience. J'appelle cela l'oubli du geste ; le geste est installé à l'intérieur de l'or- ganisme, il est dans le «noir» du corps, le corps qui est comme une boîte noire.
Savoir un geste, c'est d'une certaine manière l'oublier. » L'intelligence du corps, « ce logiciel sur lequel on peut programmer toutes sortes de choses », est le point de départ de la réflexion que nous livre Michel Serres, avec sa vivacité d'esprit et ses tournures bien à lui, sur le corps, le jeu, le sport, dont il fait « un éloge absolument sans restriction ».
Dans cet entretien passionnant, il mêle nombre de références et disciplines - philosophie, sciences cognitives, anthropologie, mythologie, etc. - pour célé- brer les états de grâce du sportif qui maîtrise parfaitement un geste, pour réflé- chir aux liens entre l'évolution de la technique et celle du corps humain, pour analyser le modèle de société en jeu notamment dans les sports collectifs. Et pour dénoncer l'esclavage de l'argent et de la performance à tout prix qui sont en train de tuer le sport.
On prend grand plaisir à suivre Michel Serres dans cette balade intellectuelle où la pensée toujours en mouvement côtoie le récit de son expérience person- nelle du sport, du rugby à l'alpinisme.
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« Un nouvel enjeu est donné au corps, au travers de la pratique sportive. Que s'est-il passé au XXe siècle ? Un recul de la transcendance. Qu'est-ce que la transcendance ? C'est penser à de l'ailleurs, à une surnature. Or la société postmoderne ne promet plus. La conversion de la transcendance s'est ainsi rabattue sur le sujet et sur le corps ».
Georges Vigarello interroge ici le corps sportif en pointant les grandes étapes de son évolution.
Plusieurs grandes « figures » sont mises en perspective et précisées. Le corps, antique, lieu de qualités remarquables et limitées ; le jeu ancien avec ses effervescences et ses inéluctables frontières sociales ; le corps du sport moderne aux qualités les plus diversifiées, révélant un nouvel univers performant, prolongeant les traces d'un XIXe siècle artisan de la mesure, des calculs, des évaluations. Georges Vigarello nous livre ici une véritable ontologie des multiples mises en jeu de notre propre corps dans l'espace en expansion des activités physiques et sportives.
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À travers ses souvenirs personnels, son enfance et sa jeunesse, Anne Gallois raconte le roman d'une vie et d'une époque. Trente glorieuses, 1945-1975, le relèvement de la France après la guerre, la société de consommation qui transforme nos vies. La grande histoire à travers la petite histoire, celle d'une famille de six filles, enfants, adolescentes, puis adultes. L'histoire de l'apparition des objets ménagers, des guerres d'Indochine et d'Algérie, de la pilule contraceptive, de mai 68, perçue à travers le regard de la narratrice.
Anne Gallois part des couvertures de Paris Match de son enfance pour faire apparaître les héroïnes et héros qui jalonnent ces trente années, ces trente glorieuses bouleversantes qui sont aussi le théâtre d'un drame familial.
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Anna Gemini est tueuse à gages. Elle mène une vie tranquille à Vienne avec son fils handicapé, jusqu'au jour où elle se voit confier une mission spéciale. Chargée de tuer le sulfureux Apostolo Janota, elle est poursuivie par Markus Cheng, détective privé qui enquête sur la mort d'un ambassadeur norvégien.
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Une nuit, le jeune Theo, 10 ans, découvre devant la fenêtre de sa chambre un store de couleur verte, surgi d'on ne sait où. À sa surface, apparaissent un paysage sous-marin et un groupe d'« hommes aux jumelles » qui semblent l'épier. À la fois effrayé et irrésistiblement attiré par le store, Theo finit par pénétrer dans son monde, une sorte d'univers parallèle verdâtre où les hommes aux jumelles infligent de drôles de supplices. Comme cette petite fille attachée à une machine qui l'oblige à courir sans relâche... Après moult péripéties et plusieurs incursions dans ce monde parallèle, Theo parvient à se débarrasser du store, puis oublie toute cette histoire qui, le temps passant, se confond avec une rêverie enfantine.
On retrouve le héros plus tard, en 2046. Devenu astrophysicien, il fait partie de l'équipage d'un vaisseau spatial en route pour Mars. Après quelques semaines de navigation, le store vert réapparaît, suspendu à une fenêtre du vaisseau. Theo décide de s'aventurer à nouveau dans le monde vert. Il comprend alors qu'il n'en reviendra pas.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Dans une troisième partie, un second narrateur vient surprendre le lecteur et remettre toute l'histoire en perspective...
Un récit débordant à mi-chemin entre la littérature d'évasion, le roman d'aventures et celui d'apprentissage.
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« «J'ai froid. Très froid», dit-elle dans un français presque sans accent. Sa voix était lasse, mais néanmoins assurée. Léon, un peu gauche, recula de deux pas, la laissa entrer et referma la porte. Force était de constater que toute la chaleur de la pièce s'en était allée et que cette maudite bouillasse avait, par-dessus le marché, lessivé le plancher sur plus d'un mètre ! Les yeux exorbités, rivés tantôt au sol tantôt à la ravissante frimousse de sa visiteuse, Léon vacillait entre fureur et hébétude... Continuer à la dévisager ne changerait malheureusement rien. Il décida d'aller raviver le feu ».
Après avoir beaucoup bourlingué, Léon s'est retiré du monde à la pointe du Finistère. Un soir de tempête, on cogne à sa porte. Il ouvre en grognant - c'est une jeune Asiatique, presqu'inanimée, qui l'appelle par son prénom. Avec Yannie, venue de l'autre bout du monde, Léon découvre l'histoire ténébreuse d'un demi-frère expatrié à Haiphong au Vietnam, d'une descendance, d'un cousinage, d'une autre culture pleine de personnages hauts en couleur, et du lourd silence cachant un affreux secret de famille.
À travers une intrigue pleine de rebondissements, tous les sentiments s'expriment : le mensonge et la violence de Ha-Sinh, le père de Yannie, la honte et la peur de celle-ci, mais aussi l'amour, l'amitié, l'humour. Naît aussi la force d'une attraction irraisonnée, celle de Léon pour ce pays lointain et inconnu...
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Gênes, Italie, 14 août 2018, un pont autoroutier s'écroule, entraînant dans sa chute des dizaines d'automobiles et faisant 43 morts, traumatisant une ville et choquant toute l'Italie et l'Europe. Comment cela at-il pu arriver ? L'auteur donne une existence aux acteurs de cette catastrophe qui doit être inscrite au registre de la tragédie antique.
Quelques années seulement séparent la construction du pont de Gênes (1967) du célèbre film Main basse sur la ville (Francesco Rosi, 1961) qui pose la question des responsabilités des acteurs politiques et économiques de l'époque. Pouvait-on prévoir l'effondrement du pont cinquante ans plus tard ? Y aura-t-il un après-Gênes ? S'agit-il d'un effondrement qui en annonce d'autres ?
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« Accompagner un patient c'est marcher à ses côtés en le laissant libre de choisir son chemin et le rythme de son pas. Parfois l'accompagnement n'est pas chose facile et c'est là que se mesure notre vision de la dignité de la personne humaine. Le défi est de reconnaître et d'attester par notre comportement la dignité inaliénable de la personne qui est en face de nous, même dans sa plus grande déchéance. » L'expérience de la maladie en phase terminale constitue un défi lourd de sens pour la société contemporaine : c'est à cette aune que celle-ci peut et doit mesurer sa capacité à accueillir, soutenir et aider les personnes, même quand leur vie n'offre plus de perspectives.
Mais que se passe-t-il dans ces chambres où les personnes atteintes d'une maladie en phase terminale passent les derniers jours ou les dernières semaines de leur existence? Quelles histoires se tissent, quels dialogues naissent, quels sentimentsmûrissent ?
Attilio Stajano est volontaire dans l'unité de soins palliatifs d'un hôpital de Bruxelles. A travers les gens qu'il rencontre au sein de cette unité, mais aussi à travers sa propre expérience de la fin de vie (il a accompagné jusqu'au bout son père, et sa femme), il nous donne à voir des vécus et des sensibilités très différentes, qui ont pourtant tous un trait commun : à la fin, quand les gestes et les mots se font rares, il ne reste que l'amour.
Se mettre à l'écoute, patiente et sensible, de ceux qui vont nous quitter peut nous en apprendre beaucoup sur le sens profond de la vie et de la mort.
Surtout, cela nous apprend à vivre mieux, jusqu'à la fin.
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" je me demande depuis un certain temps, alors que j'ai lu et relu homère, l'iliade et l'odyssée, pourquoi ce vieux texte monte de plus en plus vers moi d'une façon fraîche, énigmatique et violente.
Et pourquoi, dans le même temps, tout ce qui peut se dire en chinois, dans la stratégie chinoise en particulier, monte avec le même caractère d'urgence. serait-ce que la grèce et la chine ont des choses à se dire le grand stratège sunzi a vécu entre homère et euripide. ces figures précèdent de peu l'ère qu'on dit chrétienne, et qui méritait mieux que d'inaugurer un calendrier. les grecs et les chinois ont failli se rejoindre après le concile de trente.
Puis ces mondes se sont séparés, grosso modo depuis la révolution française, avant d'être peu à peu oubliés de tous: la synthèse, ou plutôt la tenue de la contradiction, n'a pu être opérée longtemps. les chinois sont délibérément méconnus. quant aux grecs, on sait le sort d'oubli qui leur est maintenant réservé. "
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Paul Virilio compte parmi les pensées les plus singulières de l'ère contemporaine. La vitesse et l'accélération sont au coeur de sa réflexion philosophique. Le fait sportif ne pouvait donc échapper à son expertise. Il nous livre ici avec une verve incomparable, une histoire de l'homme en quête de vitesse jusqu'à l'inertie - en quête de désincarnation jusqu'à sa propre disparition. C'est aussi en qualité d'urbaniste et professeur d'architecture, qu'il décrit la ville comme un stade. La modernité de sa théorie critique de l'accélération ne dissimule pas sa nostalgie d'un sport d'antan qu'il qualifie crument l'art de la chair.
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Dans une grande bâtisse isolée du Vercors, un couple prépare sa séparation. Artistes peintres, plasticiens, photographes, leur relation a été productive avant de devenir destructrice. Mais ils s'aiment toujours autant. Adeptes des oeuvres à point de vue unique, le couple fait de ses derniers moments de vie commune une performance. Une oeuvre macabre dont ils doivent être les seuls spectateurs. Mais un témoin s'est invité au spectacle sans les prévenir et l'interprétation qu'il en fait met en péril leur pacte, leur séparation, leur intimité.
L'histoire est quant à elle très étrange, hallucinée, punk, sombre, comme l'écriture est pulsée, vive et rapide. L'auteur sait maintenir le lecteur en haleine, dans ce thriller noir et original dans lequel il a su créer un climat de nature et d'angoisse allant crescendo. L'enquête prend plusieurs directions, les fils s'emmêlent mais tout se tient, ils se délient d'eux même peu à peu. Les étrangetés font du livre sa singularité. Un vrai roman noir.
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Vivez !
Stéphane Hessel, Edouard de Hennezel, Patrice Van Eersel
- Carnets Nord
- 1 Mars 2012
- 9782355360619
"Nous sommes des êtres ambivalents.
Nous avons beaucoup de choses lourdes et dangereuses en nous, mais nous en avons aussi d'autres plus généreuses et progressistes. C'est en essayant d'harmoniser les unes et les autres qu'il est possible, me semble-t-il, de parcourir le chemin de notre vie, en étant fiers de ce que nous sommes et de ce que nous pouvons faire." Après une vie de résistant et de militant pour la paix, Stéphane Hessel a entamé une seconde existence d'écrivain, avec notamment Indignez-vous ! (Indigène Editions, 2010) qui connaît un succès international.
II nous offre dans Vivez I une réflexion profonde sur l'amour, la vie, la mort, la spiritualité, l'âge, le respect de l'autre, suivie des poèmes qui ont rythmé et illuminé sa vie.
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« .Soudain mon aile se referme. Aussitôt la voile part en torche, se met à tourner, à vriller. De plus en plus fort. De plus en plus vite. Adieu le gentil animateur aux sept millions de téléspectateurs. Je ne suis plus qu'une brindille désarticulée par le vent, une poussière dans l'infini qui m'appelle. Impossible de rouvrir mon aile, la rotation est trop forte. C'est la fin. » 24 août 1988. Ce jour-là, Sylvain Augier aurait dû mourir. En pleine ascension médiatique, alors qu'il est en passe de devenir une star du petit écran, il est victime d'un terrible accident de parapente. Quelles seront les conséquences de cette « chute », dont il sort miraculeusement vivant mais grièvement blessé ? Que va devenir ce Toulousain gâté, à qui la vie jusque-là, a toujours souri ? Quel nouveau regard posera-t-il sur son passé ? Apprendra-t-il à rebondir et à envisager autrement le présent et l'avenir ?
De ses débuts à la radio jusqu'à l'incroyable succès de « Faut pas rêver », en passant par des zones plus secrètes, plus troubles, où se côtoient la souffrance physique et la dépression psychique, le présent récit nous fait découvrir le parcours chaotique et exemplaire, sans masque et sans complaisance, d'un homme méconnu et attachant. Une leçon de courage et un message d'espoir. La vie plus forte que tout.