Filtrer
Éditeurs
- La RePublique Des Lettres (5)
- République des Lettres (5)
- GALLIMARD (3)
- Grasset (3)
- A verba futuroruM (2)
- Agone (2)
- Culturea (2)
- La Decouverte (2)
- La découverte (2)
- Arlea (1)
- BOOKS ON DEMAND (1)
- Bookelis (1)
- Cherche Midi (1)
- Culture commune (1)
- Editions Du Cenacle (1)
- FeniXX réédition numérique (Balland) (1)
- Folio (1)
- Gallimard (1)
- Le Cherche-Midi (1)
- Le Temps Des Cerises (1)
- Mille Et Une Nuits (1)
- Points (1)
Langues
Accessibilité
Prix
Paul Nizan
-
Toute littérature est une propagande
Paul Nizan
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 18 Septembre 2024
- 9782246839187
Paul Nizan, célèbre pour ses pamphlets comme Les Chiens de garde (1932), a aussi été un grand critique et un explorateur de la littérature durant toutes les années 1930. Dans la presse quotidienne (L'Humanité) et dans des revues (Europe), il a examiné avec passion et sagacité H.G. Wells, Steinbeck ou encore le Céline de Voyage au bout de la nuit et de Mort à crédit, à propos de qui pas un seul de ses jugements ne pourrait être retranché aujourd'hui. Ces longs et brillants articles avaient été réunis chez Grasset en 1971, les voici pour la première fois réédités.
Nizan ne croit pas à la pureté de la littérature : il cherche les moyens d'y amener ceux qui n'écrivent d'habitude pas et de créer une littérature révolutionnaire. Membre du Parti communiste, mais sans dogmatisme, il impressionne par la perspicacité de ses propos et la pugnacité de ses propositions, plus que jamais d'actualité près d'un siècle après leur publication.
« Toute littérature est une propagande. La propagande bourgeoise est idéaliste (...). La propagande révolutionnaire sait qu'elle est propagande. » -
J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie.
Tout menace de ruine un jeune homme : l'amour, les idées, la perte de sa famille, l'entrée parmi les grandes personnes. Il est dur à apprendre sa partie dans le monde.
À quoi ressemblait notre monde ? Il avait l'air du chaos que les Grecs mettaient à l'origine de l'univers dans les nuées de la fabrication. Seulement on croyait y voir le commencement de la fin, de la vraie fin, et non de celle qui est le commencement d'un commencement. -
L'actualité des Chiens de garde, nous aurions préféré ne pas en éprouver la robuste fraîcheur.
Nous aurions aimé qu'un même côté de la barricade cessât de réunir penseurs de métier et bâtisseurs de ruines. Nous aurions voulu que la dissidence fût devenue à ce point contagieuse que l'invocation de Nizan au sursaut et à la résistance en parût presque inutile. Car nous continuons à vouloir un autre monde. L'entreprise nous dépasse ? Notre insuffisance épuise notre persévérance ?
Souvenons-nous alors de ce passage par lequel Sartre a résumé l'appel aux armes de son vieux camarade : "Il peut dire aux uns : vous mourez de modestie, osez désirer, soyez insatiables, ne rougissez pas de vouloir la lune : il nous la faut.
Et aux autres : dirigez votre rage sur ceux qui l'ont provoquée, n'essayez pas d'échapper à votre mal, cherchez ses causes et cassez-les." Serge Hamili Extrait de la préface.
-
Comme c'est puissant et inflexible, une famille ! C'est tranquille comme un corps, comme un organe qui bouge à peine, qui respire rêveusement jusqu'au moment des périls, mais c'est plein de secrets, de ripostes latentes, d'une fureur et d'une rapidité biologiques, comme une anémone de mer au fond d'un pli de granit...
-
Elève consciencieux et intelligent, Antoine Bloyé ira loin. Aussi loin que peut aller, à force de soumission et d'acharnement, le fils d'un ouvrier et d'une femme de ménage.
Ce n'est que parvenu au faîte de sa dérisoire ascension sociale qu'Antoine Bloyé constatera à quelles chimères il a sacrifié sa vie...
Dans un style dont la sobriété fait toute la puissance, Antoine Bloyé constitue un portrait féroce des moeurs et des conventions de la petite bourgeoisie de la IIIe République. -
«C'était le temps où la ville voyait arriver des hommes détachés de leur ancienne ville et de leur ancienne vie qui arrivaient à pied ou descendaient des trains, des grands camions de Messageries. Chaque jour, vingt-cinq ou trente chômeurs traversaient les villages avec des vieux sacs sur le dos. Certains demandaient du pain. D'autres rêvaient de vin. Des Allemands descendaient en bicyclette vers le sud, chargés de souvenirs déchirants. Des Espagnols montaient furtivement vers le nord. Il y avait des années qu'on avait oublié en France ces mouvements de migration. Certains de ces voyages finissaient par des suicides qui se produisaient au moment où ces vagabonds, qui n'aimaient pas la route pour la route mais pour l'espoir des villes, voyaient leur petite réserve de chances, de courage et leurs raisons de liberté se racornir, où ils n'étaient plus que des poussières en face d'un destin invincible qui prenait le prestige d'un cyclone ou d'un Dieu. Le gaz, l'eau, une corde, un train qui roule dans la nuit étaient les dernières ressources de ceux qui n'entendaient plus les dernières voix de leur courage et de leur dignité.»
-
Paul Nizan, intellectuel communiste, 1926-1940
Paul Nizan
- La Decouverte
- Redecouverte Litterature Et Voyages
- 6 Septembre 2001
- 9782707135247
Les articles et lettres qui composent ce recueil de textes illustrent en cinq rubriques chacune des facettes de la personnalité et de l'activité de l'intellectuel engagé que fut Paul Nizan.
Les articles et lettres qui composent ce recueil de textes (articles, correspondances) illustrent en cinq rubriques chacune des facettes de la personnalité et de l'activité de l'intellectuel engagé que fut Paul Nizan. La correspondance d'Aden , tout d'abord, forme un contrepoint à Aden Arabie, éclairant d'un jour bien différent ce qui, dans le pamphlet, n'apparaîtra que sous la forme de la révolte et du dégoût. L'écrivain et le critique précise la théorie de la littérature, nécessairement engagée, que Nizan mettra en oeuvre et en acte. Le philosophe présente sous une forme durcie les thèses qu'il défendra tout au long de sa vie et notamment dans Les chiens de garde. Le journaliste témoigne du caractère inséparable de l'écriture et du militantisme dans l'oeuvre de Nizan au cours d'événements majeurs tels que la Guerre d'Espagne. La correspondance de guerre , enfin, permet de préciser les raisons profondes de sa rupture avec le Parti communiste et trace un tableau des conditions de la drôle de guerre qui scellera prématurément le destin de l'écrivain. -
Paul Nizan a publié en 1939 cette Chronique de septembre, récit et analyse des accords de Munich de septembre 1938. Ce sera son dernier livre. Il trouve la mort le 23 mai 1940, au combat, près de Dunkerque. Pendant l'Occupation, la Chronique de septembre a été saisie et détruite par les nazis. Nizan décrit le journaliste comme un «historien de l'immédiat». Avant d'entreprendre son étude sur Munich, il examine les sources de celui qui doit ainsi écrire l'histoire immédiate, il en pèse la valeur. Il définit toute une méthode, avec une clarté d'esprit remarquable. Ayant ainsi forgé son instrument, Paul Nizan fait un récit, constamment appuyé sur une fine analyse politique, des jours dramatiques que l'Europe venait de vivre. Au terme de son enquête, il arrive non à une conclusion, mais à une question troublante : et si Munich n'avait été qu'une «mystification» ? Une mise en scène concertée entre Chamberlain, Daladier et peut-être même Hitler, afin de provoquer dans les populations un état d'angoisse pour en tirer ensuite un maximum d'avantages politiques et sociaux ? Et si l'entente avec Hitler, au moyen de la médiation de Mussolini, avait été voulue par Londres et Paris pour tenir à l'écart Moscou et Washington ? Presque quarante ans après, aucune étude historique n'a apporté plus d'informations et d'idées que cette analyse faite «à chaud».
-
Essais à la troisième personne
Paul Nizan
- Le Temps Des Cerises
- Romans Des Libertes
- 11 Septembre 2012
- 9782841099337
" En somme, Essais à la troisième personne est un roman de transition entre la vie avant et après le séjour à Aden. Ainsi nombre de thématiques esquissées dans ce roman préfigurent Aden Arabie, et parfois également certains des écrits de Nizan du début des années 1930. Bien entendu, nous songeons immédiatement au "Tout menace de ruine un jeune homme" au début d'Aden Arabie. La démystification de la jeunesse, au coeur du pamphlet, est en effet en germe dans ces lignes.
En germe, car l'évocation de la jeunesse cultivée n'y revêt pas encore la verve vigoureusement et doctement idéologique qui le caractérisera. S'y trouve aussi, avant Aden, la condamnation de l'Homo economicus, et, avant Antoine Bloyé, celle d'une vie perdue par la trahison du prolétariat au profit de la bourgeoisie. Le refus du monde bourgeois commence à s'organiser idéologiquement, avec les lectures et les références aux figures du marxisme-léninisme.
Nizan ne les quittera plus. Essais à la troisième personne est ainsi construit de manière à montrer le parcours qui mène à la question idéologique. C'est bien ce cheminement qui compte avant tout. Plus spécifiquement, il a la forme, ici abrégée, du roman d'apprentissage, héritage moral et esthétique des Lumières. Le héros de Nizan traverse les premières étapes d'une vie qu'il s'agit de mettre à sa portée: la révélation amoureuse, la complicité de l'amitié intellectuelle, le voyage à l'étranger, qui favorise la découverte de soi, l'affirmation idéologique comme premier geste de révolte contre la France.
Voilà ce qui compose le socle de la formation identitaire du héros de Nizan. " (extrait de la préface)
-
Les matérialistes de l'Antiquité : Démocrite, Épicure, Lucrèce
Paul Nizan
- La Republique Des Lettres
- 14 Mars 2023
- 9782824914534
"Les Matérialistes de l'Antiquité" est un essai sur le matérialisme grec du IIIe au Ier siècle avant notre ère. Il rassemble un large choix de textes de Démocrite, Épicure et Lucrèce traduits, présentés et annotés par l'auteur. Romancier et essayiste auteur d'"Aden Arabie" et des "Chiens de garde", Paul Nizan était aussi Agrégé et enseignant de philosophie, ami entre autres de Jean-Paul Sartre. Plus que jamais d'actualité aujourd'hui, Paul Nizan écrit: «Il y a des époques où toutes les possessions humaines, les valeurs qui définissent une civilisation s'effondrent. L'accumulation des richesses économiques à un pôle de la société n'empêche pas l'appauvrissement général. Point de temps plus tragique que le temps d'Épicure. [...] Le malheur s'établit parmi les Grecs, le désordre et l'angoisse augmentent tous les jours. [...] Aux valeurs d'une grande civilisation collective se substituent des valeurs de combat, aux valeurs civiques, des valeurs d'argent. Un capitalisme du crédit se développe et les nouveaux riches étalent leurs nouvelles fortunes, au moment même où les classes moyennes [...] qui avaient été le fondement de la démocratie du Ve siècle, disparaissent. Les valeurs politiques sur lesquelles la Grèce avait vécu au temps de sa grandeur s'évanouissent.»
-
Les chiens de garde : le pamphlet antiphilosophique de Nizan
Paul Nizan
- BOOKS ON DEMAND
- 4 Mai 2021
- 9782322200580
Les Chiens de garde est un essai de Paul Nizan paru en 1932. Il s'agit d'un essai pamphlétaire dirigé contre quelques-uns des philosophes français les plus connus de l'époque : Bergson, Émile Boutroux, Brunschvicg, Lalande, Marcel, Maritain... Pour Paul Nizan, lui-même alors jeune philosophe communiste, ces penseurs incarnent une « philosophie idéaliste », en ce sens que tous ne font qu'énoncer des vérités sur l'homme en général, et de ce fait ne tiennent aucunement compte du réel quotidien auquel chaque homme en particulier se trouve confronté : la misère matérielle, la maladie, le chômage, les guerres, etc. Pour l'auteur, qui fonde son argument en s'appuyant sur la notion marxiste de lutte des classes, ces philosophes n'ont d'autre but, au fond, que de justifier et de perpétuer les valeurs morales et socioéconomiques de la classe bourgeoise. Selon lui, leur idéalisme leur interdit toute analyse de l'exploitation de la classe prolétarienne par la bourgeoisie.
L'actualité des Chiens de garde, nous aurions préféré ne pas en éprouver la robuste fraîcheur. Nous aurions aimé qu'un même côté de la barricade cessât de réunir penseurs de métier et bâtisseurs de ruines. Nous aurions voulu que la dissidence fût devenue à ce point contagieuse que l'invocation de Nizan au sursaut et à la résistance en parût presque inutile. Car nous continuons à vouloir un autre monde. L'entreprise nous dépasse ? Notre insuffisance épuise notre persévérance ? Souvenons-nous alors de ce passage par lequel Sartre a résumé l'appel aux armes de son vieux camarade : « Il peut dire aux uns : vous mourez de modestie, osez désirer, soyez insatiables, ne rougissez pas de vouloir la lune : il nous la faut. Et aux autres : dirigez votre rage sur ceux qui l'ont provoquée, n'essayez pas d'échapper à votre mal, cherchez ses causes et cassez-les. »
-
Joseph Nassi, juif portugais converti de force au catholicisme en 1497 et baptisé Juan Miguez, émigre aux Pays-Bas, pour fuir l'Inquisition. Il fonde la Banque d'Anvers qui étend son influence jusqu'en France et fréquente l'aristocratie proche de Charles Quint, tout en restant fidèle au judaïsme. Mais sur dénonciation, ordre est donné par l'Inquisition de l'arrêter et de saisir ses biens. Poursuivi sans relâche, de Paris à Venise, il trouve refuge à la Cour de Constantinople où il devient le confident du Sultan et l'ami intime de l'héritier du trône. Au faîte de son pouvoir, Joseph Nassi est nommé « Duc de Naxos et des Cyclades ». À la fin de sa vie, il aide ses coreligionnaires à s'installer en Terre Sainte, mais meurt assassiné dans une embuscade en 1579.
-
On a redécouvert depuis peu Nizan romancier, Nizan pamphlétaire, Nizan voyageur : voici Nizan critique littéraire et théoricien de la culture. Pour la première fois se trouvent réunis en un volume les articles consacrés par le brillant intellectuel communiste des années 1932-1939 à ses illustres contemporains : Mauriac, Aragon, Malraux, Sartre, Giono, Céline, Drieu La Rochelle, ou à quelques classiques étrangers comme Dickens ou Dostoïevski. Même quand il aborde des auteurs moins importants, Nizan en tire des réflexions toujours du plus haut intérêt, tant était forte chez lui la passion de dégager à propos d'un écrivain ou d'un livre particulier un thème de portée universelle : les contradictions de la littérature catholique, les devoirs de la littérature populaire, les pièges du réalisme ou les chances du roman policier.Au-delà de la dispersion des articles commandés évidemment par la circonstance, le plus admirable est de retrouver à chaque page l'exigence d'une pensée inflexible. Pour Nizan, la critique littéraire n'était qu'une arme de l'idéologie. Maintenant que de toute part on dénonce la culture régnante comme une culture de classe, comme un instrument au service des privilèges bourgeois, Nizan apparaîtra dans son éclat de précurseur. Qu'importe alors qu'on ne soit pas toujours d'accord avec lui et qu'on puisse le juger quelquefois sévère ou injuste : la meilleure critique est celle qui a le plus de ton. La violence inspirée de Nizan lui donne une place éminente dans une famille d'esprits qui comprend Céline aussi bien que Malraux, Bernanos aussi bien que Sartre. Pour une nouvelle culture : un livre de combat, un livre de prophète, un grand livre.
-
Complainte du carabin qui dissequa sa petite amie en fumant deux paquets de maryland
Paul Nizan
- Mille Et Une Nuits
- 8 Septembre 1999
- 9782842054137
Un étudiant en médecine dissèque le corps de sa maîtresse, morte en son absence. Pendant l'opération, le carabin fait la cour à son assistante : "il regarda la morte. La vivante était jolie." Un texte de jeunesse de Paul Nizan (1905-1940), l'auteur futur d'Aden Arabie et des Chiens de garde. On y sent percer déjà "la personnalité amère et sombre" d'un "homme qui ne pardonne pas à sa jeunesse", selon le mot de Jean-Paul Sartre.
-
Du conflit italo-éthiopien à la victoire du front populaire espagnol ; 30 juin 1935-18 juillet 1936
Paul Nizan
- Cherche Midi
- 17 Avril 2014
- 9782749126579
Ce volume de l'édition critique des articles de Paul Nizan regroupe les textes qui vont de fin juin 1935 à mi-juillet 1936.
" J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. " Ces phrases célèbres de Paul Nizan ouvrant son pamphlet Aden Arabie (1931) marquaient les débuts de l'un des intellectuels les plus brillants des années 1930. Romancier talentueux, pamphlétaire acide, si Nizan se frotta à bien d'autres genres (adaptation, traduction...), l'essentiel de son temps fut dédié au journalisme, profession qu'il épousa totalement à partir de 1935.
Devenu rédacteur politique au quotidien communiste L'Humanité, l'intellectuel militant va y suivre des événements essentiels comme le conflit italo-éthiopien ou les élections du Frente popular en Espagne. Il y est également critique littéraire, ainsi qu'à Monde, l'hebdomadaire d'Henri Barbusse, ou à Commune, la revue de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires.
Ce volume se clôt au moment du déclenchement de la guerre d'Espagne. Les reportages antérieurs de Nizan montrent qu'il aura eu l'intuition d'un coup d'État imminent. Il aura aussi perçu, dans le conflit italo-éthiopien, le début d'une victoire des fascismes, face auxquels les démocraties n'affirmaient - déjà - qu'un aveuglement coupable.
Ce Nizan journaliste politique, méconnu, s'offre ici au lecteur d'aujourd'hui. Si l'orthodoxie communiste habite ses articles, elle n'oblitère pas, loin de là, l'acuité de sa pensée.
Document sur l'entre-deux-guerres, ce livre permet aussi d'éclairer, à bien des égards, notre époque.
Textes réunis, annotés, présentés et postfacés par Anne Mathieu -
La Conspiration : Un roman de Paul Nizan - Prix Interallié 1938 -
Paul Nizan
- Culturea
- 20 Février 2023
- 9791041919529
Dans «La Conspiration», Prix Interallié 1938, un des rares romans français «réalistes-socialistes» intelligents, qui ne sacrifie jamais la forme, le style, l'humour, la poésie au fond ou à la volonté de prouver - Nizan revient sur sa jeunesse sans la dénoncer mais sans satisfaction attendrie. Son héros, Bernard Rosentbal, est normalien. Il appartient à la haute bourgeoisie juive du XVIe arrondissement, il vit autour de l'avenue Mozart, il pense autour de la rue d'Ulm et de la Sorbonne, contre «La Revue de Métaphysique et de Morale», un peu avec Spinoza, beaucoup pour Marx et Lénine, Entre 1920 et 1930, ce n'est pas si fréquent dans «l'élite» universitaire. Rosenthal veut échapper aux chiens de garde de la philosophie comme aux tranquilles conjurations de la famille. Impérieux, séduisant, pour faire avancer - croitil - la Révolution, il entraîne ses camarades, le lucide Laforgue, l'inquiétant Pluvinage, le timide chartiste Simon, dans un complot présenté comme un acte révolutionnaire décisif...
-
«J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie.» Paul Nizan s'embarque pour Aden, en septembre 1926. Il est alors, à l'École normale supérieure. L'ennui, le désoeuvrement, le dégoût d'un monde qui sacrifie le désir au confort, la pensée aux honneurs, l'accomplissement de soi à la notoriété, le poussent à fuir la France. Lorsqu'il rentre de voyage, en avril 1927, il a compris la cause de l'asservissement des hommes, il troque alors son désespoir contre la révolte et déclare une guerre inexpiable à cette société d'asservissement: «Il ne faut plus craindre d'Haïr. Il ne faut plus rougir d'être fanatique.» «Aden Arabie» raconte cette fuite, ce voyage et cette conversion.
-
L'actualité des chiens de garde, nous aurions préféré ne pas en éprouver la robuste fraîcheur.
Nous aurions aimé qu'un même côté de la barricade cessât de réunir penseurs de métier et bâtisseurs de ruines. nous aurions voulu que la dissidence fût devenue à ce point contagieuse que l'invocation de nizan au sursaut et à la résistance en parût presque inutile.
Car nous continuons à vouloir un autre monde. l'entreprise nous dépasse ? notre insuffisance épuise notre persévérance ? souvenons-nous alors de ce passage par lequel sartre a résumé l'appel aux armes de son vieux camarade : " il peut dire aux uns : vous mourez de modestie, osez désirer, soyez insatiables, ne rougissez pas de vouloir la lune : il nous la faut.
Et aux autres : dirigez votre rage sur ceux qui l'ont provoquée, n'essayez pas d'échapper à votre mal, cherchez ses causes et cassez-les. " serge halimi.